mudra du grand Bouddha Amida de Kamakura

Amida, figure centrale de la Terre Pure

Bouddha Amida assis en position de lotus
Qui est donc Amida, ce Bouddha si connu et vénéré en Asie de l'est et pourtant si peu considéré en Occident (quand il est à minima connu) ?

L'histoire du moine Dharmākara qui deviendra par la suite le Bouddha Amida est relatée dans un des textes fondamentaux de la Terre Pure : le grand soutra de Vie Infinie. Dharmākara était un roi d'une très lointaine époque qui, en entendant l'enseignement du Bouddha Lokeśvararāja, décida d'atteindre lui-même l'Eveil et se fit moine. Il s'engagea donc dans la voie des bodhisattvas, les aspirants à l'Eveil ultime et au terme de milliers d'années de pratique au cours de nombreuses vies, il finit par finalement réaliser l'Eveil complet et insurpassable.

Lorsqu'un bodhisattva s'engage sur la voie de l'Eveil, il fait un certain nombre de voeux. Si certains de ses voeux sont très généralistes et concernent tous les aspirants, d'autres sont bien plus spécifiques et vont contribuer à caractériser les différents bodhisattvas et Bouddhas. Le soutra de Vie Infinie nous fait part des 48 voeux formulés par le futur Amida. Chacun de ces voeux est articulé de la même façon :

"Si, moi devenu Bouddha, " condition spécifiquement liée au voeu dont il est question ", je ne veux pas la Parfaite Illumination."

Chacun de ses voeux se présente donc comme une condition sine qua none que Dharmākara s'impose à lui-même avant d'atteindre la pleine libération. Le soutra affirme que Dharmākara est bien devenu le Bouddha Amida : il a donc réalisé chacun de ces 48 voeux.

Quelle est donc la particularité des voeux de Dharmākara? Afin de venir en aide à tous les êtres qui souffrent dans notre monde où la vie est si difficile, il se propose d'établir une Terre Pure, une sorte de safe place spirituelle. Les enseignements bouddhistes ne sont pas faciles à mettre en oeuvre lorsque l'on passe le plus clair de son temps à devoir composer avec des considérations matérialistes, gérer toutes sortes de problématiques allant des conflits interpersonnels aux graves problèmes de santé. Et que dire bien sûr de la famine, de la guerre et de toutes ces atrocités qu'il est souvent bon de se rappeler lorsque nous sommes nous-mêmes épargnés par ces épreuves souvent insurmontables ?

Bien conscient que notre bonne volonté ne suffit pas toujours dans un contexte aussi défavorable au cheminement spirituel, Dharmākara a fait le voeu d'établir Sukhāvatī, la Terre Pure de félicité, un endroit où toute souffrance est absente (attention, bien que ce lieu y ressemble dans les descriptions du soutra, Sukhāvatī n'est pas un paradis au sens monothéiste du terme. C'est un lieu dédié à l'étude et la pratique du bouddhisme). Atteindre la Terre Pure de félicité, c'est l'assurance de ne plus pouvoir régresser sur la voie de l'Eveil et donc l'assurance de la libération, tôt ou tard, de façon incontournable.

C'est plutôt un bon plan non ? S'il y a un endroit qui mérite qu'on s'y arrête quelque temps c'est bien Sukhāvatī !

Vous me direz que l'accès à cette Terre Pure doit être des plus sélectif. Eh bien justement non ! Dans sa grande compassion, bien conscient de nos faiblesses et de notre détresse, Dharmākara a souhaité qu'absolument tout le monde puisse facilement y accéder. Quelles que soient vos capacités, votre passé, tout le mal que vous avez pu faire, il suffit de s'en remettre totalement au Bouddha Amida avec une parfaite sincérité (ce point est crucial et sera discuté dans un autre article à l'occasion) et de réciter son nom, par le biais d'une formule que l'on appelle le nembutsu: "Namu Amida Butsu".

Le nom d'Amida provient des deux noms sanscrits de ce Bouddha: Amitābha (Lumière-Infinie) et Amitāyus (Vie-Infinie). Amida est donc une abréviation sino-japonaise de ces deux noms. Ce Bouddha est connu dans d'autres pays sous d'autres noms comme "Amituo" en Chine ou encore "Amita" en Corée. Les attributs de sa lumière qui représente sa sagesse et de sa longévité qui représente sa compassion nous permettent de méditer sur les qualités de ce Bouddha.

Vous l'aurez compris, la figure d'Amida est particulièrement réconfortante et la perspective de la Terre Pure des plus séduisantes ! Mais que faire d'Amida et de Sukhāvatī au XXIème siècle dans cet Occident rationnel et en particulier en France, pays qui a hérité de la pensée des Lumières ? Doit-on considérer qu'il n'est ici affaire que de symboles, destinés à focaliser les pratiquants sur de hautes valeurs spirituelles ou bien est-il question d'une réalité tangible, Amida et ses deux assistants, Kannon et Seishi, prêts à venir nous accueillir au moment de notre trépas pour nous mener vers la Terre Pure de félicité ?

Je l'ai dit, Amida cherche à accueillir tout le monde, sans distinction ! Quand on y pense un tant soit peu, il est assez logique de considérer que ces deux interprétations sont parfaitement recevables ! Bien sûr, certaines traditions sont plus littérales là où d'autres sont plus symboliques, mais les deux approches sont totalement acceptables. Cela paraît contradictoire, paradoxal. Mais ce n'est qu'une question de point de vue. Et cette question de point de vue fera l'objet d'un futur article !

Gratitude

Namu Amida Butsu
boutton de retour
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