Charge mentale spirituelle

Une des caractéristiques de la charge mentale, c'est que c'est un poids invisible qu'il faut porter en permanence, ce qui la rend d'autant plus pernicieuse. Et, ce n'est un secret pour personne, certaines personnes sont plus susceptibles que d'autres de subir cette charge mentale (coucou les femmes en général, les mères de famille en particulier !)
Souvent domestique, elle peut aussi être professionnelle, financière... mais aussi spirituelle ! Car, pour les personnes sincèrement engagées dans une pratique spirituelle ou religieuse, ce qui est mis en jeu ici n'est rien de moins que ce qui est le plus important dans la vie !
Le monde dans lequel nous vivons devient de plus en plus complexe. Nous disposons d'outils toujours plus nombreux et perfectionnés, mais paradoxalement, aidés de cette façon en permanence, la société attend également plus de nous et dans tous les domaines. C'est comme cela que nous nous retrouvons à devoir jongler avec toujours plus de problématiques car nous sommes censés disposer de tous les moyens requis pour être en capacité de le gérer. Et la charge mentale s'accroît, s'accroît...
Et par-dessus tout ça, par-dessus cette profusion de points de vigilance, de sujets d'inquiétude et d'enjeux, il ne faut pas oublier de gérer sa spiritualité. Parce que, bien que ce soit finalement le plus important, c'est aussi ce qui a le moins de place dans l'organisation qui est celle des sociétés dites "modernes".
Il est difficile de tout concilier, on ne va pas se mentir, tout ne passe pas. Il est donc nécessaire de sacrifier certaines choses pour en assurer certaines autres. C'est ainsi qu'on peut se retrouver à donner la priorité à sa propre pratique spirituelle au détriment de son bien-être ou de celui des autres. Ce qui est assez contradictoire, souvent cette pratique contribue justement à apaiser et harmoniser les différentes dimensions de la vie.
Cette situation mène à certaines impasses. On peut ne pas avoir le temps d'aller voir ses parents, de s'occuper de ses enfants, de donner de l'attention à son conjoint, de s'occuper de sa forme physique ou de sa santé parce qu'il faut méditer, prier, aller en retraite, en séminaire, suivre une formation, lire ce livre, pratiquer ces visualisations, etc, etc... Evidemment, dans de telles situations, on est bien conscients qu'il y a une contradiction flagrante entre le but recherché et la façon de le rechercher. Mais ceci étant dit, comment contribuer à faire réellement le bien autour de soi si on n'est pas déjà soi-même devenu quelqu'un de meilleur ? Alors on donne encore plus de priorité à la pratique spirituelle, se disant qu'une fois qu'on sera devenu quelqu'un de meilleur on prendra le temps de... Et paradoxalement, sous certains aspects on s'éloigne d'autant plus de ce que l'on recherche.
L'avantage d'une pratique réellement simple et peu exigeante comme l'est celle de la récitation du nembutsu, c'est qu'elle ne nécessite quasiment aucun engagement de la part du pratiquant, si ce n'est la plus grande sincérité possible. Et la sincérité ça ne prend ni temps, ni énergie. La pratique du nembutsu nous libère de cette charge mentale que représente la spiritualité, de cette course pour atteindre une certaine forme de salut (c'est bien d'une course dont il s'agit, nous ne pouvons pas savoir quel sera le jour de notre mort). Si nous nous en remettons pleinement à Amida, nous sommes assurés de ne plus pouvoir régresser. Nous pouvons donc nous employer à prendre le temps et l'énergie afin de devenir des personnes réellement, concrètement meilleures au quotidien : notre destinée est déjà entre de bonnes mains. Et même si ces efforts nous empêchent parfois d'accorder à la vie spirituelle toute l'importance qu'elle mérite, nous avons l'assurance de ne jamais compromettre notre libération.
Gratitude
Namu Amida Butsu

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