Le Shōshinge

L'oeuvre principale, centrale, de Shinran Shonin est le Kyōgyōshinshō dont le titre peut se traduire par "Anthologie exposant l’enseignement, la pratique, la foi et la réalisation véritables de la Terre pure". Ce texte essentiel et très fourni ne possède pas encore de traduction française à l'heure actuelle (par contre le révérend Jérôme Ducor travaille actuellement sur un tel projet, souhaitons lui bon courage et remercions-le pour le travail titanesque entrepris). Probablement écrit en réponse aux critiques de certains érudits concernant le Senchaku-shū, ouvrage écrit par son maître Hōnen Shonin, cette oeuvre est destinée à un public d'érudits religieux et contient principalement des extraits de soutras, de traités et de commentaires, enrichis des commentaires de Shinran lui-même.
Bien que le Kyōgyōshinshō soit réservé à un public averti, et donc peu accessible au grand public, il contient un poème écrit par Shinran, poème résumant dans une certaine mesure tout l'ouvrage : c'est le Shōshin Nembutsu Ge, le poème sur la croyance véritable dans le nembutsu, souvent contracté en Shōshinge. Ce poème est bien plus accessible, bien que dense, et aussi beaucoup plus court. Que les japonisants ne s'inquiètent pas de constater que ce texte est exclusivement écrit en kanjis, les caractères chinois : si le sens en semble difficilement pénétrable c'est parce que même pour les japonais d'aujourd'hui ce texte n'est pas compréhensible tel quel, un peu à la façon de la liturgie latine dans certaines célébrations chrétiennes. Il faut d'ailleurs noter que Shinran a également écrit de nombreux textes destinés à un public bien moins érudit et que ces textes étaient écrits en kanas, l'alphabet japonais, comme par exemple les wasans, qui sont une série de versets résumant son enseignement, wasans également très présents dans la liturgie actuelle.
De par son format et son importance, le Shōshinge est un texte central dans la liturgie Jōdo Shinshū. Il existe plusieurs façons de le réciter, de manière plus ou moins formelle, et il est quotidiennement chanté dans les temples.
Dans ce texte essentiel, Shinran commence par rendre hommage au Bouddha Amida, puis nous rappelle rapidement le parcours de Dharmākara, celui qui deviendra finalement Amida. Par la suite, il nous fait part de l'essence de son enseignement et nous rappelle l'importance de la pratique du nembutsu. La dernière partie va traiter des différentes personnes considérées comme les patriarches du Jōdo Shinshū, et Shinran va s'appuyer sur ces figures d'autorité pour s'inscrire dans la continuité de leur enseignement. Il fait ainsi le lien entre l'Inde du temps du Bouddha historique et le Japon de son époque. A noter que toute cette filiation est avant tout symbolique : aucune de ces personnes ne se sont réellement croisées de leur vivant, à part Hōnen et Shinran.
La récitation la moins formelle du Shoshinge est tout à fait abordable pour peu qu'on ait un peu le texte dans l'oreille (en tout cas dans la branche Otani-ha, je ne sais pas pour les autres écoles). Ce texte est à la fois un très bon résumé et une excellente introduction aux enseignements du Jōdo Shinshū. Ceci étant dit, quelques commentaires ne sont pas de trop pour bien comprendre la portée de ce texte.
Si vous souhaitez lire ce poème incontournable, agrémenté de quelques commentaires, je ne peux que vous rediriger vers le site du révérend Grégory Thomas où vous pourrez bénéficier de son travail à ce sujet (merci beaucoup à lui)
Et en ce qui concerne la version audio...Gratitude
Namu Amida Butsu

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