Les représentations de Bouddha sont facilement présentes dans notre quotidien sous forme de statues décoratives. De nombreuses personnes ont un "petit Bouddha" à la maison. Mais parmi ces représentations, il y a parfois des différences significatives et ce n'est pas tout le temps Bouddha qui est représenté. Et quand c'est Bouddha... de quel Bouddha parle-t-on ? Petit tour d'horizon :
Une première distinction importante peut-être faite : il y a des représentations de bodhissatvas et des représentations de Bouddhas. Comme il est question de deux catégories d'êtres différents, il est facile de distinguer les uns des autres. Je précise qu'ici je me limiterais par commodité à ne mentionner que les noms japonais. Bien sûr ils ont toutes et tous des noms chinois, sanskrit, tibétain. mais je ne voudrais pas surcharger, une rapide recherche internet vous permettra d'apprendre que Vairocana est le Dainichi sanskrit, que Guanyin est la Kannon chinoise et qu'Amita est notre Amida coréen...
Commençons par les bodhisattvas. Les bodhisattvas ne sont pas encore des Bouddhas accomplis. Bien qu'ils puissent être particulièrement avancés et manifester des pouvoirs semblables à ceux des Bouddhas, ce sont des êtres encore soumis de fait à une certaine dualité. Cette dualité se manifeste sous la forme de particularités et ce sont ces particularités qui vont nous permettre de les distinguer.
Kannon
Sans doute le (la?!) plus célèbre, Kannon représente la compassion. Ille peut être représenté.e debout ou assis.e, prêt.e à se lever pour secourir tous les êtres. Parfois représenté.e avec de nombreux bras,symbole de sa capacité et sa volonté à secourir tous les êtres, sa coiffe est ornée d'un petit Bouddha : ce n'est autre qu'Amida, auquel Kannon pense constamment. Particulièrement vénéré.e en Asie.
Fugen
Fugen lui, représente la pratique. On le trouve souvent assis sur un éléphant blanc à six défenses, tenant un joyau qui exauce tous les voeux, un lotus ou encore un parchemin. Il faut noter que dans la tradition tibétaine il n'est pas considéré comme un bodhisattva, mais bien comme un Bouddha à part entière.
Monju
Monju, assis sur un lion, tenant l'épée de l'intelligence et le livre ou rouleau de la sagesse transcendante est un symbole de sagesse. On le retrouve en autres dans les zendos des temples Zen.
Jizo
Mon petit préféré... Jizo est un bodhisattva particulièrement apprécié au Japon. Parfois représenté sous les traits d'un moine classique, on le retrouve souvent sculpté d'une façon très épurée et souriante, presque juvénile. Ce n'est pas très surprenant, c'est à Jizo que l'on confie les enfants, mais aussi les voyageurs. Jizo voyage à travers les six royaumes de l'existence, on le représente donc tour à tour tenant un mala, un vajra, un bol de mendiant, un bâton orné d'un crâne, une fleur de lotus...
Miroku
Miroku c'est le futur Bouddha, mieux connu sous son nom sanskrit de Maitreya (beaucoup trop de pseudos-Maitreya sur le web mais aussi dans la vraie vie...). Il commencera à prêcher lorsque la période de Mappō que nous traversons actuellement sera finie. Quand les temps seront venus il s'incarnera dans notre monde pour faire tourner à nouveau la roue du Dharma. Il est souvent représenté sous les traits d'un saint homme ou d'un prince et lorsqu'il est assis ses deux pieds touchent par terre.
Fudō Myōō
Difficile de passer à côté de Fudō Myōō, le plus badasse de tous! Je le place ici bien qu'il ne soit ni un Bouddha ni un bodhisattva : c'est un des cinq rois du savoir, une déité protectrice du bouddhisme. Il n'est définitivement pas difficile à reconnaître: l'épée pointée vers le haut, les canines saillantes, entouré d'une aura de feu, il n'a vraiment pas l'air commode. Il est parfois représenté par un dragon enroulé autour d'une épée. Particulièrement présent dans les écoles ésotériques.
Passons aux Bouddhas. Les Bouddhas sont des êtres qui sont arrivés au bout du chemin, qui ont réalisé l'éveil insurpassable et parfait. Ils ont tous atteint le même niveau de réalisation et de ce fait ils ont tous la même apparence. Contrairement aux bodhisattvas, ils n'ont pas de signe distinctif. Alors comment les différencier s'ils se ressemblent tous ? Par les mudras, la position de leurs mains ! En effet les différents mudras ont une signification bien précise et nous permettent de les identifier facilement.
Shakyamuni
Shakyamuni, le Bouddha historique, comment le reconnaît-on ? Par le mudra de la prise à témoin de la terre : main droite touchant la terre du bout des doigts, la gauche dans son giron, tournée vers le haut. Il aurait adopté cette posture pour prendre la terre à témoin et ainsi attester de son éveil sous l'arbre de la Bodhi.
Yakushi
Yakushi est le Bouddha de médecine. Comme son nom l'indique il a fait le voeu de soigner tous les êtres souffrants de leurs maux. Maître des remèdes, il est représenté tenant un récipient contenant des médicaments dans la main gauche, la main droite faisant le mudra du don (paume en avant, doigts pointants vers le bas). Son culte est bien sûr très populaire.
Dainichi
Bouddha cosmique, il symbolise purement et simplement l'état de Bouddha. Bouddha central de certaines écoles ésotériques, c'est le seul Bouddha qui porte des accessoires, une coiffe, des bijoux mais aussi les cheveux longs. Son mudra consiste à envelopper son index gauche avec sa main droite : c'est le mudra du poing de la sagesse.
Amida
Enfin pour terminer, le bien connu Amida (en tout cas sur ce site) est représenté debout ou assis, dans les deux cas avec des mudras spécifiques. Lorsqu'il est assis en posture de méditation, il forme une variante du mudra cosmique avec les index repliés, comme vous pouvez le voir sur le bandeau en haut de ce site. Debout, il a la main droite levée, paume en avant, le pouce et l'index se touchant en signe de sagesse. La main gauche est dans la même position mais tournée vers le sol, signe de compassion.
Hotai
"Mais du coup c'est lequel le Bouddha que j'ai chez moi, celui qui est chauve et obèse, assis par terre, qui semble mort de rire ?" Ben lui c'est Hotai ! Il représente la générosité, la fortune et l'abondance. A l'origine c'est un moine chinois de l'école Chan (le Zen chinois) qui a bel et bien vécu au Xème siècle, considéré comme un avatar de Miroku. Il serait mort en 916. Il a intégré le panthéon taoïste en Chine et shintoïste au Japon. Ses grandes oreilles sont signes de sagesse (comme s'il écoutait beaucoup), il a un sac de chanvre (budai en chinois, ce qui lui a conféré son nom) et un bâton. Dans la pensée chinoise le ventre est le siège central de l'énergie vitale, symbole fort en plus de ce que cela peut sous-entendre d'opulence ou de satisfaction. D'après une légende, il mettait dans son sac les jouets en bois cassés des enfants pour les leur rapporter une fois réparés. C'est pour ça qu'il est souvent représenté avec des enfants qui l'entourent.