mudra du grand Bouddha Amida de Kamakura

Les criminels et le bouddhisme Shin

cartouches d'armes à feu
De façon générale personne n'aime vraiment les criminels. Voleurs, meurtriers, violeurs, bourreaux... Ils n'ont jamais vraiment eu la cote et pour cause. C'est d'autant plus vrai dans les religions : on leur prédit souvent un avenir post mortem des plus sombres et même dès cette vie-ci ils sont souvent marginalisés, punis, tenus à l'écart ou emprisonnés quand ils ne sont pas purement et simplement exécutés ! Ceci étant dit, moi le premier, je ne serais pas tellement à l'aise si un de mes voisins était un sombre meurtrier...

Les religions n'aiment pas beaucoup les criminels. Ils mettent en péril le bien-être des personnes, la bonne marche de la société et en général manifestent des comportements assez éloignés de ceux majoritairement recommandés par les religions. Pourtant c'est une réalité sociale bien établie et tout système de pensée digne de ce nom se doit d'intégrer le problème de la criminalité. On trouve dans diverses religions des voies de pénitence, souvent assez conditionnelles. Le salut du fautif est toujours bien peu garanti, même s'il se repent de ses fautes passées, quand il n'est pas purement et simplement destiné à une fin atroce après avoir passé un certain point de non-retour.

Pourtant... pourtant les parcours de vie qui mènent à des actes aussi graves sont parfois fondamentalement injustes. Si vous naissez dans un milieu défavorisé, pauvre, violent, ayant peu accès à l'éducation, statistiquement vous risquez bien plus d'être exposé à la criminalité et au final d'en devenir acteur ! Bien sûr, le fait de vivre dans de tels milieux n'oblige rien, il est toujours possible de faire ce pas de côté, cet effort de sublimation pour passer au-delà de ça et vivre de façon digne et irréprochable. Mais ce serait oublier un peu vite que nous n'avons pas tous les mêmes capacités à transcender nos conditions de vie. Certaines personnes sont trop abimées, apeurées, trop peu intelligentes, influencables, etc... pour s'en sortir par elles-mêmes. Et pour celles-là le chemin vers la perdition est tout tracé. Osons le dire : cette situation est réellement injuste, d'une injustice insupportable.

Que peut-on souhaiter à ces personnes complètement perdues pour la cause ? Clairement, s'en remettre à Amida. En effet, conformément au 18ème voeu que nous avons vu précédemment, ce dernier s'est engagé à venir au secours de tous les êtres, tous sans exception ! C'est bien ce que signifie "tous les êtres vivants des dix quartiers". Le Bouddha Amida est parfaitement conscient de cette injustice sociale et il sait que pour certains individus la voie du crime est absolument inévitable sur leur parcours. Et bien qu'ils soient un important facteur de souffrance, ils sont également en souffrance eux-mêmes et en tant qu'êtres complètement soumis à l'illusion, ils ont besoin d'aide pour pouvoir mettre un terme à leur propre souffrance et à celle des autres. Ainsi, une seule pensée de foi véritable dans le voeu originel d'Amida suffit à garantir l'atteinte de la Terre Pure et la fin de l'errance samsarique, même pour les criminels les plus endurcis !

"Oui d'accord, je veux bien, Amida sait que même les criminels ont besoin d'aide, mais c'est un peu facile là ! Quoi que tu fasses, hop, un petit nembutsu et tout est pardonné ? Au pire après chaque meurtre tu récites un nembutsu et t'es assuré de t'en tirer ! Non seulement c'est complètement injuste, mais en plus cette idée peut tout à fait laisser certaines personnes malhonnêtes se complaire dans leur travers en s'assurant un sauf-conduit après la mort !"

Cette problématique n'est pas récente. Déjà du temps de Shinran, le fondateur du Jodo Shin, ce genre de réflexion servait à justifier des débordements peu judicieux. Affirmer que "craindre les fautes revient à douter du voeu originel" est bien commode quand on veut justifier ses vices. Pire, certains allaient même jusqu'à affirmer que, la Terre Pure d'Amida étant avant tout destinée aux personnes ayant fait le mal, il était nécessaire de faire délibérément le mal pour s'assurer d'y aller renaître ! Lorsque ce genre d'abus lui fut rapporté, Shinran Shonin déclara "Ce n'est pas parce qu'il y a l'antidote qu'il faut préférer le poison !"

Les soutras le stipulent bien, une des trois conditions de renaissance dans la Terre Pure de Sukhāvatī est le coeur sincère. Ce coeur qui correspond à la sincérité du pratiquant, réelle sincérité qui s'exprime entre autres par la volonté de renoncer aux mauvaises voies pour soi-même et les autres. Même s'il est possible que l'on tombe encore dans ses vieux travers en cherchant à dépasser son ancienne mauvaise vie, l'intention, elle, doit être claire et complètement sincère. Agir intentionnellement de façon préjudiciable puis se réfugier derrière le nembutsu est tout simplement de l'hypocrisie. Il va de soi qu'une pratique hypocrite ne peut être d'aucun secours pour renaître auprès du Bouddha Amida et de Kannon et Seishi, ces deux assistants.

Etre disciple d'Amida n'excuse pas tout ! L'absence de sincérité invalide la pratique du nembutsu, on n'est pas chez les sauvages ! Il serait particulièrement déplorable d'utiliser les enseignements de la Terre Pure comme prétexte pour s'adonner à de mauvaises actions. Cette mauvaise idée doit d'ailleurs générer un important karma des plus défavorables... Tout le monde, même ceux dont le cas est le plus désespéré, peut se tourner vers Amida à tout moment (il n'est jamais trop tard !), qui nous accueille avec joie, sans nous juger, simplement pour nous aider. Mais sans sincérité, même Amida ne peut rien pour nous.

Gratitude

Namu Amida Butsu
boutton de retour
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