mudra du grand Bouddha Amida de Kamakura

Jiriki/Tariki : le nembutsu n'est pas notre propre pratique

Des stormtroopers ambulanciers
La seule pratique réellement incontournable dans le Jōdo Shinshū est la récitation du nembutsu. Ce qui caractérise cette pratique, c'est qu'elle est à la fois sûre et pratique. En effet, la récitation d'une formule aussi courte ne présente aucune difficulté, ne nécessite aucune capacité particulière et peut être exécutée quelles que soient vos limitations physiques. Même si vous êtes muet, vous pouvez le réciter mentalement.

Pourtant, aussi simple que cela puisse être, cette pratique produit de grands mérites. Si cela est rendu possible, c'est parce que cette pratique n'est pas notre pratique. C'est la pratique d'Amida et c'est donc de ses mérites que l'on bénéficie.

Dans l'école Jōdo Shin, on fait une différence essentielle entre jiriki (自力) et tariki (他力). "Jiriki", est composé du kanji "自" qui signifie "soi-même" et de "力", le pouvoir, la puissance. C'est donc le pouvoir personnel, nos propres forces et ressources. "他" signifie "autre", associé à "力" cela signifie le pouvoir autre, ici sous-entendu le pouvoir du Bouddha, d'Amida.

Habituellement, si on peut se reposer uniquement sur notre pouvoir propre, cela nous semble plus confortable. Lorsque nous demandons de l'aide ou en avons besoin, nous avons toujours plus ou moins peur de nous retrouver dans la position d'être redevable. Ce sentiment d'être débiteur est peu appréciable et certaines personnes le vivent tellement mal qu'elles mettent un point d'honneur à recevoir le moins d'aide possible de la part des autres. Qui plus est, la capacité à gérer soi-même ses propres problématiques est valorisée par la société. Il est bien plus rare qu'on fasse l'éloge des personnes qui savent se faire aider au moment opportun.

Le pouvoir personnel c'est à la fois une promesse d'indépendance et une source de fierté. On aime pouvoir revendiquer les mérites du travail que l'on a accompli. Forcément cela se ressent également dans la vie spirituelle des individus.

Le pouvoir autre, tariki, c'est tout le contraire. Une fois que l'on a constaté notre incapacité fondamentale nous n'avons pas d'autre choix que de nous en remettre au pouvoir du Bouddha Amida. Et nous en remettre à ce pouvoir n'est pas si simple : habitués que nous sommes à nourrir nos égos de nos propres réalisations, accepter de recevoir l'aide d'Amida, même sans contrepartie, ce n'est pas très naturel. Accepter cette aide c'est aussi renoncer à valoriser les bienfaits que l'on en retire. En effet, vu que c'est Amida qui fait tout le travail à notre place, c'est bien de ses mérites dont il est question. Nous ne pouvons pas nous vanter, nous n'avons rien à gagner dans cette histoire. Ce n'est pas valorisable, on ne peut pas s'en servir pour renforcer notre petit moi et s'afficher fièrement devant les autres.

Ainsi, le nembutsu n'est pas notre pratique et c'est pour cela qu'elle est aussi parfois qualifiée de "non-pratique". C'est finalement une pratique qu'on "emprunte" à Amida, mais qui ne nous appartient jamais vraiment. C'est également pour cela que le nembutsu n'a aucune portée magique : par sa récitation nous n'avons aucun impact sur le monde qui nous entoure. C'est juste une invitation pour que le Bouddha vienne à notre rencontre et nous fasse bénéficier de tout le travail qu'il a lui-même accompli auparavant. Nous n'avons donc aucun mérite à réciter le nembutsu et c'est aussi pour cela que ça marche : les êtres imparfaits que nous sommes seraient bien incapables de générer des mérites suffisamment qualitatifs pour nous libérer de quoique se soit. En utilisant cette pratique qui est celle d'Amida, nous avons la garantie de bénéficier d'un pouvoir réellement puissant et utile, capable même de nous arracher aux affres du samsāra.

Gratitude

Namu Amida Butsu
boutton de retour
Retour aux articles