Comment dresser un autel bouddhiste ?

Cette page est la seconde d'une série de trois que je voulais écrire pour parler de pratique d'un point de vue plus concret. Regarder un verre d'eau n'a jamais étanché la soif : la pratique est essentielle. Encore faut-il savoir de quoi on parle !

Bon, si ce n'est pas le premier article de ce site que vous lisez, vous vous doutez que mon approche est un peu plus pragmatique que ça... Un autel c'est quoi ? Un autel est un espace dédié pour ce qu'on appelle le Honzon dans les branches japonaises, c'est-à-dire le "vénéré principal". Et ce vénéré principal ça peut être pas mal de choses différentes. Un Bouddha, un bodhisattva, un mantra... C'est donc une statue, une peinture, une photo, une calligraphie... Evidemment les Honzon pressentis ne sont pas les mêmes d'une école à une autre. Dans les écoles de la Terre Pure une importance particulière sera donnée au nembutsu et à Amida. Dans le Theravada c'est le Bouddha Shakyamuni qui sera en vedette. Chez les pratiquants Nichiren c'est le titre du soutra du lotus, etc... On peut même avoir un Honzon personnel, différent du Honzon du temple dans lequel on pratique habituellement. Ce n'est pas nécessaire, mais certaines écoles incitent leurs pratiquants à développer une affinité particulière avec telle ou telle figure pour mieux inspirer leur pratique (Kannon, Manjusri, Jizo...) Les bodhisattvas inspirants ne manquent pas !
Que va-t-on trouver d'autre sur un autel ? Souvent il va y avoir une bougie, des fleurs fraîches, de l'encens, des offrandes de thé ou de biscuits... On y trouve aussi facilement le "petit matériel" : nenju/mala, cloche, livret de chants/soutras... Ca peut être un peu ce qu'on veut finalement, tant que ça reste, évidemment, des objets en lien avec le bouddhisme sinon ce n'est pas très sérieux !
Le mieux est d'avoir une pièce qui y est consacrée mais tout le monde ne peut pas se le permettre. Ce n'est pas grave. Un coin de pièce un peu calme, un meuble dédié, un peu de place devant... Le principal est que cet autel donne envie d'y aller, qu'il soit facilement accessible et qu'il favorise la pratique. Parfois un simple rideau ou un paravent dans une pièce déjà occupée par autre chose permet de mettre cette petite distance sacralisant le lieu : pas la peine de sacrifier toute la chambre si on manque de place. Comme pour l'utilisation d'objets rituels, c'est ici l'attitude qui va être importante lorsqu'on se rend devant l'autel.
Vous êtes en colocation dans un T3 avec 5 personnes ? Oui là ça devient un peu compliqué. Pour autant pas de panique ! Un drap ou une nappe réservée à cet usage, une bougie et le Honzon sur un bout de table, un peu de calme : en cas de nécessité l'autel peut tout à fait être temporaire ! Même en ce qui concerne le Honzon, à défaut de statue, on peut utiliser une photo. Pas de photo correcte ? Une image imprimée, trouvée sur internet, convient en l'attente de mieux !
L'important est de faire selon les possibilités : on peut commencer par quelque chose de très simple et minimaliste et faire ensuite évoluer les choses selon les objets rituels que l'on a pu trouver, le meuble dans lequel on décide d'investir, la volonté de se conformer ou non au plus près d'une tradition... Mon propre autel a déjà changé de disposition 3 ou 4 fois et ce n'est sans doute pas fini ! L'évolution de notre autel aussi témoigne de notre cheminement sur la voie bouddhiste.
Ici aussi un autel très sommaire est toujours mieux qu'une absence d'autel ! Si on attend que les conditions idéales soient réunies pour dresser l'autel parfait on risque bien de ne jamais en voir la couleur ! De la même façon, si on attend d'avoir la légitimité d'un "vrai pratiquant" pour avoir un autel on prend le risque de ne jamais en avoir : par contre avoir un autel aide pour la pratique, c'est même son intérêt principal...

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