mudra du grand Bouddha Amida de Kamakura

La pratique dans le Jōdo Shinshū

nenju
Lorsqu'on parle de "personnes bouddhistes" on parle parfois de "pratiquants du bouddhisme", soit les gens qui pratiquent, tout comme les "disciples" d'une discipline sont des gens qui, étymologiquement, se soumettent à une discipline. Dans le cas du bouddhisme Jōdo Shin, il serait plus juste de parler de dévots, c'est-à-dire de personnes faisant preuve de dévotion.

D'ailleurs, il est parfois dit que la pratique du nembutsu est une non-pratique, car c'est le pouvoir d'Amida qui fait tout le travail pour nous. Malgré cela, on peut considérer qu'il existe bel et bien une pratique spirituelle au sein de l'école Jōdo Shin. Mais alors en quoi consiste-t-elle ? Que fait concrètement un dévot Jōdo Shin dans son quotidien en rapport avec les enseignements de la Terre Pure ?

Bien évidemment, n'étant pas japonais, je ne vais pas ici vous parler de la pratique traditionnelle et culturelle des pratiquants nippons. Déjà parce que n'y ayant pas vécu je ne peux pas parler d'expérience, mais aussi parce qu'il s'avère qu'au Japon, les choses ne sont pas toujours très claires en ce qui concerne la religion : en réalité nombre de japonais confondent le bouddhisme et le shintoïsme (religion indigène de l'archipel) et se rendent indifféremment au temple bouddhiste ou au sanctuaire shinto, souvent pour essayer d'obtenir de la chance... D'ailleurs cette idée qu'une petite visite au temple porte chance pour un examen ou pour obtenir un emploi est quelque chose que l'on ne trouve pas dans le Jōdo Shinshū. Nous aurons l'occasion d'y revenir une autre fois.

Je vais donc vous parler de ce que peut être la pratique du Jōdo Shin pour une personne pratiquante, indépendamment du pays d'origine de cette tradition asiatique.

Pour commencer, en principe il y a des choses qui ne se font pas. Les préceptes, pratique commune à quasi toutes les autres écoles bouddhistes, ne sont pas respectés. La méditation, discipline-phare du bouddhisme pour les occidentaux, n'est pas enseignée dans les temples Shin. Comme mentionné précédemment, pas d'histoire de chance non plus, la pratique des oracles ou de la divination n'est pas encouragée et vous ne trouverez pas d'omikuji (petits bouts de papier pliés contenant une prédiction ou un message de chance) dans les temples contrairement aux autres temples bouddhistes japonais.

Ce qui est traditionnellement pratiqué en revanche est la récitation du nembutsu. Lorsque l'on récite le nembutsu (namu amida butsu) il est d'usage d'utiliser un nenju, petit chapelet comme celui illustrant cette page. Le nenju n'a pas d'utilité pratique, il est le symbole de notre école. On joint les mains en gasshô, et on les passe dans le nenju, le chapelet reposant entre les pouces et les index, la partie se terminant par la cordelette tournée vers le sol. Ce type d'objet sert habituellement à tenir le compte du nombre de récitations : pas dans le Jōdo Shin où, comme j'ai eu l'occasion de le mentionner auparavant, le nombre de récitations importe peu.

Une autre pratique très importante est la pratique de la liturgie. Shinran Shonin, le fondateur, ayant été très prolifique en textes, nous disposons de nombreux écrits, poèmes, auxquels viennent s'ajouter des extraits de soutras. Ces écrits sont donc autant d'occasions de célébrer la foi en Amida, quand bien même ils demandent en général un petit peu d'apprentissage pour être correctement chantés. Il existe des versions de certains chants en anglais. Bien évidemment l'essentiel de la liturgie est en japonais, et à l'heure actuelle il n'existe encore rien en français !

En plus de la récitation et de la liturgie il y a... Les discussions entre pratiquants ! Rennyo Shonin, important réformateur de l'école, incitait les pratiquants du nembutsu à se rassembler, au moins une fois par mois, pour discuter de leur foi afin que chacun puisse poser toutes les questions qu'il pourrait se poser. Idéalement personne ne devrait quitter ce genre de réunion sans avoir eu les réponses à ses interrogations.

L'étude des soutras, des textes des patriarches de la Terre Pure et de différents traités concernant le sujet est bien évidemment quelque chose de recommandé bien que ce ne soit pas obligatoire (il n'y a pas grand-chose d'obligatoire en vérité...) Toute étude qui nous permet de cultiver notre foi en Amida est encouragée. Si Sainte Thérèse de Lisieux vous inspire tout particulièrement, vous pouvez en faire votre livre de chevet, il n'y a aucun souci !

Bien entendu, en plus de ces pratiques, il est d'usage de visiter régulièrement un temple et de participer à une cérémonie qui consiste souvent à pratiquer la liturgie et assister à un sermon. Encore faut-il qu'il y ait un temple à proximité et hélas pour l'instant les temples Jōdo Shin sont une denrée particulièrement rare en Europe.

Une pratique très minimaliste donc... Ce qui est un peu le principe même de cette tradition. Pour autant vous pouvez très bien chercher à pratiquer la gentillesse, la patience, la générosité ou pratiquer certaines formes de méditation si cela vous aide à vous sentir mieux au quotidien. L'essentiel est de surtout garder à l'esprit que c'est sur Amida qu'il faut compter pour votre salut, et que vos efforts et vos pratiques personnelles, aussi fructueux qu'ils puissent être, ne doivent pas vous détourner de votre confiance en Amida par excès de confiance en vos capacités : même talentueux, un bombu reste un bombu !
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