mudra du grand Bouddha Amida de Kamakura

Les 18ème, 19ème et 20ème voeux

un chemin dans la forêt
A moins d'être né dans une famille déjà pratiquante, il y a peu de chances que vous soyez venu directement à la voie de la Terre Pure. En général ce ne sont pas les écoles qui séduisent immédiatement : trop simple, peu valorisables pour le pratiquant. Il y a un petit cheminement à traverser, cheminement que Shinran Shonin a illustré en s'appuyant sur les 18ème, 19ème et 20ème voeux du Bouddha Amida.

Pour rappel, Shinran Shonin était avant tout un moine Tendai, il a d'abord cherché à suivre la voie classique des moines de son époque, voie faite de nombreuses pratiques difficiles. Il a ensuite rencontré Hōnen Shonin avec qui il a commencé à pratiquer la voie de la Terre Pure, puis finalement il a complètement embrassé le pouvoir autre. Ces 3 étapes de son parcours spirituel peuvent être mises en relation avec les voeux en question, dans cet ordre : 19ème, 20ème et 18ème.

19 - Si, moi devenu bouddha, les êtres vivants des dix quartiers produisent le désir de l'Illumination, cultivent toutes les vertus et, en formulant leur voeu d'un coeur sincère, expriment le désir de renaître en mon pays, et que, au moment de leur mort, je n'apparaisse pas devant eux entouré par une grande foule d'assistants, je ne veux pas la Parfaite Illumination.

Ce voeu concerne les êtres qui cherchent à atteindre la Terre Pure par leurs propres moyens et en multipliant les pratiques, ce qui ne semble pas être une mauvaise idée à priori. La méditation, l'observance des préceptes, la concentration, le jeûne, l'étude, le recopiage de soutras, toutes ces pratiques sont tout à fait conformes à la voie bouddhiste. Ce voeu correspond à la vie de moine Tendai de Shiran et dans le parcours de nombreux pratiquants, ce voeu correspond aussi à une partie du chemin où l'on a envie de pratiquer. On découvre le bouddhisme, on décide de faire les choses bien, ce n'est ni l'énergie ni la motivation qui manque, toutes les valeurs développées grâce à de telles pratiques sont d'excellentes valeurs, juste un peu de courage et on y va ! C'est l'éveil qui en jeu, du nerf !

20 - Si, moi devenu bouddha, les êtres vivants des dix quartiers qui, en entendant mon nom, auront dirigé leur pensée vers mon pays, cultivé la source de toutes les vertus et, d'un coeur sincère, transféré leurs mérites en vue de renaître en mon pays, n'obtiennent pas ce fruit, je ne veux pas la Parfaite Illumination.

Ce voeu semble assez similaire au précédent. Pourtant il y a ici une nuance de taille : il est question de cultiver la source de toutes les vertus. Mais quelle est donc cette source ? D'après Shinran, ce n'est rien d'autre que le nembutsu lui-même. Ainsi, le 20ème voeu correspondrait aux pratiquants qui ont décidé de se consacrer uniquement à la récitation du nembutsu. En ce qui concerne le parcours de Shinran, on parle ici de la période de sa vie où il a pratiqué les enseignements de la Terre Pure avec Hōnen Shonin (dont on parlera bientôt d'ailleurs), Hōnen qui était réputé pour réciter le nembutsu 60000 fois par jour. Pour nombre d'entre nous, c'est le moment où l'on se rend compte qu'on ne parvient pas à pratiquer de façon satisfaisante ou que les pratiques que nous accomplissons ne sont pas suffisamment efficaces : le contexte qui est le nôtre est très défavorable à la voie des saints. Nous nous tournons donc vers Amida et sa promesse en nous focalisant sur le nembutsu. Mais c'est un nembutsu basé sur le pouvoir personnel, jiriki, on compte principalement sur ses propres forces et on cherche délibérément à aller vers le Bouddha pour rejoindre sa Terre Pure.

18 - Si, moi devenu bouddha, tous les êtres vivants des dix quartiers ayant le coeur sincère, la foi sereine et le désir de renaître en mon pays vont jusqu'à penser à moi dix fois et n'y vont pas renaître, je ne veux pas la Parfaite Illumination. Seuls sont exclus ceux qui commettent les Cinq Rébellions et calomnient la Bonne Loi.

Nous arrivons finalement au 18ème voeu, le voeu primordial. Pour Shinran, ça a été le moment où il s'est complètement tourné vers le pouvoir autre, tariki. De la même façon pour de nombreux pratiquants, c'est l'étape où l'on décide de s'en remettre complètement, totalement, sans réserve au Bouddha Amida. Plutôt que de vouloir aller vers le Bouddha, on le laisse venir à nous. C'est la confiance et la foi véritable, lorsqu'on ne doute plus de la volonté et de la capacité d'Amida de nous venir en aide, et où on sait intimement que l'on est saisi par Amida et qu'il ne nous laissera pas derrière.

Il ne faut pas mettre de jugement de valeur derrière ses étapes, même si bien sûr il y a une gradation qui laisse sous-entendre que le 18ème voeu est mieux que le 20ème, lui-même mieux que le 19ème. Dans tous les cas il est question de s'en remettre au Bouddha pour renaître dans la Terre Pure et ainsi parvenir à transcender la souffrance, pour soi et pour les autres. Chacun est différent, conditionné par son karma, chacun a son parcours et son rythme. Et quoi qu'il en soit, personne ne peut interférer entre le dévot et Amida dans la relation qui les unit. La relation avec un Bouddha est une affaire strictement personnelle, qui échappe à toutes les personnes qui y sont étrangères.

Gratitude

Namu Amida Butsu
boutton de retour
Retour aux articles